jeudi 22 février 2007

Torah et sciences : n°1


Photo prise en 2005

Réflexions sur un texte du Rav Avi Shafran (dir.des affaires publiques del’Agudath Israel of America)
Dr Aharon Feldmann- 5766
« C’était un calamar de dimensions colossales, ayant huit mètres de longueur. Il marchait à reculons avec une extrême vélocité dans la direction du Nautilus.Il regardait de ses énormes yeux fixes à teintes glauques.
Ses huit bras , ou plutôt ses huit pieds implantés sur sa tête , qui ont valu à ces animaux le nom de Céphalopodes , avaient un développement double de son corps et se tordaient comme la chevelure des Furies…. »
Vingt mille lieues sous les mers- Jules Vernes-1869/70
Qu’est ce que le calamar colossal peut avoir de commun avec Maimonide ?
A première vue, rien ! bien qu’ils soient tous les deux des sujets d’actualité.(année Jules Vernes/ année Maimonide)

Depuis quelques années, on parle beaucoup du calamar colossal.
Jadis considéré par des esprits bien-pensants comme une chimère, une ineptie, un canular contraire à l’hypothèse de Darwin, la charmante bestiole est aujourd’hui une réalité concrète.
Le mythe du calamar géant, connu sous le nom de Kraken est né dès le 12 eme siècle dans un certain nombre de récits scandinaves, les marins affirmant que le kraken pouvait enserrer un navire avec ses tentacules et le couler !

Récemment , on a ramené ce calamar à des dimensions moins fantaisistes ; cependant , une dépêche de l’agence Reuter ( 18/10/02) nous a appris la capture d’un calamar rare et dangereux d’environ cent cinquante kilos , avec des yeux de la taille d’une assiette et des griffes acérées . Ce calamar, en cours de croissance ,n’atteint pas pourtant ,selon les spécialistes du musée océanographique de Nouvelle Zélande,la taille du calamar colossal dont le poids peut avoisiner la tonne et dont les tentacules approchent les treize mètres !

Seuls des restes de calamar colossal ont été trouvé dans l’estomac de cachalots ( leurs prédateurs) mais selon le biologiste marin Kat Bolstad, le calamar colossal n’est pas une chimère Vernienne mais un monstre abyssal réel et dangereux




Une semaine après avoir eu des informations sur le calamar , les étudiants de la page quotidienne du Daf yomi ont été confrontés ,dans le Traité Chullin , à une créature bizarroïde , une sorte « d’animalcule » se développant spontanément à partir d’une souillure ou d’une putréfaction !

Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Que penser de tout cela ?

Sans doute Ha.chem a-t-il voulu nous permettre de réfléchir sur le comportement d’un scientifique devant l’étrange !

Jusqu’en 1878, parler du calamar colossal ou du calamar géant était irréaliste ; personne ne croyait les récits des pêcheurs jugés fantaisistes et oniriques.

Mais en 1878, un calamar géant s’échoua sur la plage de Thimble Tickle à Terre Neuve ; il avait un corps d’environ six mètres cinquante et une de ses tentacules dépassait dix mètres de long.
Au cours des décennies suivantes, de nombreuses carcasses de calamars géants ont été ramenées !

Quelques années auparavant, un océanographe français – Arthur Mangin- analysant de nombreux récits déclara ;
« le Sage et le Scientifique ne doivent pas ipso facto admettre les histoires qui parlent d’animaux fabuleux…, car l’existence de ceux-ci pourrait être en contradiction avec les grandes Lois de l’harmonie et de l’équilibre qui régissent la Nature ».

Son ouvrage, les mystères de l’Océan, paru quatre ans avant celui de Jules Verne et inspira grandement ce dernier dans la description de la créature qui attaque le Nautilus !

Rebondissement cette année(2005) où une équipe japonaise de l’Association d’observation des baleines d’Ogasawara a réussi à prendre les premières images d’un calamar géant (l’Architeuthis) dans son environnement naturel (Pacifique nord,niveau iles Chichijima)

Leurs travaux ont été publiés dans Proceedings of the Royal Society.Biological Sciences.
Environ sept cent ans plus tôt, Maimonide a laissé un héritage littéraire et médical de premier ordre.

Il fut non seulement un Sage, un Erudit, mais il nous a laissé le Mishné Torah (achevé en 1180), véritable traité de codification de la Loi biblique et talmudique.

Il fut, en outre, un grand médecin, à la cour du vizir Al Fadhil, régent d’Egypte en l’absence du sultan Saladin le grand.

Il nous a laissé un certain nombre de traités dont les « Commentaires sur les aphorismes d’Hippocrate », « les Commentaires sur les aphorismes de Moise [ Pirke Moshe] »….
Dans son Commentaire sur le Traité Chullin [chap 9], à propos de l’animalcule naissant spontanément de la putréfaction, le Rambam déclare :
« l’existence d’une telle créature est un phénomène bien connu, de nombreuse personnes m’ont dit qu’elles ont observé ce phénomène, bien que l’existence d’un tel animalcule généré par la putréfaction ne peut être expliqué ».

Avant d’aller plus loin, réfléchissons un peu et essayons d’éliminer de notre esprit la réfutation de la théorie de la génération spontanée par Louis Pasteur au dix neuvième siècle.

Il est admis , à l’époque du traité Chullin , que les vers sont le produit de la putréfaction [ Chullin 67b] et le Rambam semble admettre cette théorie de la génération spontanée ,qui soit dit en passant est forte ancienne et a été décrite par Aristote ;dans ses « aphorismes médicaux » , il déclare en citant Galien « des inflammations qui sont nommées tumeurs……on y trouve quelques fois des créatures qui surgissent de la putréfaction »
[Aphorismes 24 :11]

Cette théorie qui prônait le fait que la vie provient d’un monde inerte a longtemps (jusqu’au 18 eme siècle) été la norme biologique.

Revenons maintenant à notre propos, nous sommes donc confrontés à deux démarches intellectuelles opposées ; l’une émanant d’un universitaire français- Arthur Mangin – imbu de cartésianisme et qui rejette tout ce qui est hors norme et l’autre, un Sage, qui admet que tout a été crée par Ha.chem et donc ne rejette rien même s’il ne comprend pas.

La créature décrite dans le Talmud aurait pu être un leurre théorique au même titre qu’un certain nombre d’exemples cités dans d’autre Traités comme « le bâtiment qui vole sur l’air », « le chameau volant »…..

Le Rambam, fameux par son approche rationaliste aurait pu d’emblée rejeter cet animalcule, mais grâce à D.ieu, Maimonide n’avait pas l’esprit obscurci par le cartésianisme, il a eut l’audace dans ses « aphorismes médicaux » d’exprimer l’ignorance de la science devant un tel phénomène tout en n’excluant pas la possibilité de la réalité de celui-ci.

C’est la démarche qui semble la plus logique pour un scientifique !
Nous pourrions croire, à tort, que cette querelle est un cas isolé ; il n’en est rien !
La Science avec un grand S ne s’est pas toute faite dans les Ecoles, les Universités et autres chapelles du savoir.

D’autres voies, plus bucoliques, ont été utilisées.
La méthode de ces chercheurs n’a jamais été officielle, ils se sont passés de décorations et d’honneurs ; ils se sont contentés d’être des passionnés, des romantiques, des jusqu’aux boutistes pour élaborer des théories apparemment loufoques ou magie et raison se sont entremêlées pour aboutir, finalement, à faire progresser la Science !

Citons ici l’anglais William Gilbert (1544-1603) qui étudiat les propriétés du magnétisme et prétendit qu’en plaçant un aimant sous la tête d’une femme endormie, on pouvait savoir facilement si elle était fidèle ou non !

Et Kepler, le savant qui découvrit l’orbite elliptique des planètes et qui s’ingéniât à décrire les monstres lunaires !...............

Que doit donc faire un scientifique « officiel » quand il fait une observation qui ne semble pas cadrer avec la norme, il doit émettre une hypothèse simple, élaborer un raisonnement puis en apporter la démonstration ; c’est ce qui a été réalisé pour la théorie de la Relativité, la Mécanique quantique……….mais comme le dit si bien Sherlock Holmes :
« c’est une erreur fondamentale que d’échafauder une théorie sans avoir de données, Watson ! »

Certains chercheurs aujourd’hui chuchotent d’ailleurs que si les mathématiques s’appliquent dans de nombreux cas pratiques, il n’y a aucune garantie qu’une expérience puisse un jour révéler sans ambiguïté aucune quelle théorie de la mécanique quantique est valable.

Il en est de même pour la théorie de la Génération spontanée !
Réfuter cette théorie a été le cheval de bataille du physiologiste italien Lazzaro Spallanzi ( 1729-1799).

Farouche adversaire de cette théorie, défendue entre autre par Buffon, il fit un ensemble d’expériences qui sembla infirmer la dite théorie ; il inaugura ainsi les débuts de la microbiologie un siècle avant Pasteur !

Nous n’entrerons pas ici dans cette polémique, mais n’oublions pas que le Rambam dans ses « aphorismes médicaux » semble se réclamer de la théorie de la génération spontanée sans pour cela y adhérer comme de nombreux savants du moyen age !
« les vers générés dans la chair d’un cadavre, qu’ils soient vivants ou morts, ne communiquent pas l’impureté du cadavre »
[de l’impureté du cadavre 3 :10]

Mais comment expliciter cette théorie, les civilisations antiques croyaient que les pucerons naissaient dans les bambous et que la boue pouvait engendrer des vers

Il est à noter, d’ailleurs, qu’avec la réfutation de la théorie de la génération spontanée, l’origine profane de la vie est redevenue un mystère !

Pourtant, la Science d’aujourd’hui fait de nouveau appel à cette théorie de la génération spontanée ou abiogenèse pour tenter d’expliquer l’évolution chimique la Terre.

C’est notamment les travaux du biochimiste soviétique Oparin en 1924 qui ont démontré que l’origine de la vie était une sorte de génération spontanée mais qui s’étendait sur une période de temps très longue, ceci ne venant pas contrarier les théories de Pasteur !
Ceci ne conforte-t-il pas notre Foi ?

« Au commencement D.ieu créa et le ciel et la terre » [Béréchit 1]
Dans son Commentaire du Pentateuque, le Rav S.Hirsch précise que la doctrine qui réduit le rôle du Créateur à celui d’une espèce de sculpteur est une doctrine païenne mais en même temps un mensonge fondamental ; il est clair que la substance de toute existence provient du libre et tout puissant vouloir de D.ieu [Psaume 119 :130].
« c’est la libre et toute puissante volonté de D.ieu qui a créé la substance, qui lui a incorporé les forces et qui a établit les lois selon lesquelles celles-ci engendrent les formes ».

La force du Rambam, en matière de réflexion scientifique, est qu’il n’a jamais rejeté l’inconnu et que, contrairement a beaucoup d’autres, il n’a jamais dissocié l’incompréhensible du compréhensible !

Sources :
+ Commentaires sur le Pentateuque- Rav S.Hirsch
+ 20 000 lieues sous les mers - Jules Verne
+ Traité Chullin
+ les Mystères de l’Océan - Arthur Mangin
+ la médecine tirée du Mishné Torah- Pr Fred Rosner
+ The medical Aphorism of Moses Maimonided-F Rosner et S Munter
+ Histoire sentimentale des sciences- Nicolas Wirkowski H

Aucun commentaire: